Pénurie d’or et d’argent : Analyse et perspectives en 2025

Depuis 2022, la production minière mondiale d’or marque le pas, tandis que la demande industrielle d’argent dépasse régulièrement les volumes extraits. La réglementation sur les importations de métaux précieux, notamment en Inde et en Chine, bouleverse les flux traditionnels.

Les stocks stratégiques des banques centrales atteignent des sommets inédits, alors que les réserves facilement accessibles se réduisent. Les modèles de prévision des grandes institutions financières anticipent désormais des mouvements de prix inhabituels pour 2025, alimentés par ces déséquilibres persistants.

Comprendre les tensions sur l’or et l’argent : état des lieux en 2025

Le marché des métaux précieux affiche désormais ses tensions au grand jour. L’or et l’argent physiques sont pris d’assaut, à la fois par les investisseurs en quête de sécurité et par des banques centrales plus offensives que jamais. D’après le World Gold Council, la soif d’or des institutions atteint des records, pendant que le Silver Institute alerte sur la raréfaction des lingots et des pièces disponibles.

Le cours de l’once ne cesse de repousser les plafonds anticipés par les analystes. Face à une offre minière sous pression, coûts d’extraction qui flambent, réglementations qui se durcissent en Europe et en France, la production piétine. Les réserves accessibles déclinent, les flux se contractent, le climat de tension s’installe.

Les chiffres sont implacables : le prix de l’argent dépasse le seuil symbolique des 30 dollars l’once. Entre marché papier et marché physique, l’écart se creuse, créant à la fois des opportunités pour certains et de sérieuses déconvenues pour d’autres.

Plusieurs tendances clé structurent le marché :

  • Banques centrales : elles achètent massivement, aspirant l’offre disponible.
  • Prix moyen de l’once : la volatilité s’intensifie, exacerbant les réactions des marchés.
  • Offre physique : la disponibilité s’effondre, alimentant une tension persistante sur les approvisionnements.

Cette dynamique ne ménage pas la France ni l’Europe : primes records sur les lingots, files devant les comptoirs spécialisés, envolées soudaines sur les cours de l’argent et de l’or. Les instituts spécialisés confirment la tendance : 2025 s’érige en véritable épreuve pour la solidité des chaînes d’approvisionnement en métaux précieux.

Quels facteurs alimentent la pénurie et l’incertitude sur les métaux précieux ?

Le secteur de l’or et de l’argent avance à l’aveugle, balloté par des chocs successifs et des paramètres économiques mondiaux. Les tensions géopolitiques n’ont pas faibli. Le conflit en Ukraine persiste, les élections américaines entretiennent le doute, et la communauté financière s’interroge sur la prochaine orientation de la politique monétaire, que la Maison Blanche revienne à Donald Trump ou demeure entre les mains de Joe Biden.

Les banques centrales orchestrent leurs actions sur la scène mondiale. La Fed, sous la houlette de Jerome Powell, alterne signaux contradictoires sur les taux d’intérêt, tandis que la BCE reste floue sur ses intentions. Conséquence directe : la volatilité se renforce, l’attrait pour les actifs refuges s’accroît. La demande physique explose, particulièrement en Europe, et met à mal la disponibilité des stocks.

L’inflation continue de rogner le pouvoir d’achat. Pour se protéger, ménages et investisseurs institutionnels se tournent vers l’or et l’argent, qui réaffirment leur statut de protection financière. À mesure que les anticipations d’inflation persistent, les flux d’investissement convergent vers les métaux précieux, poussant encore les prix à la hausse.

Voici les moteurs principaux de cette situation :

  • Facteurs géopolitiques : Ukraine, élections américaines, instabilité mondiale persistante.
  • Facteurs monétaires : variations imprévisibles des taux directeurs, décisions des grandes banques centrales.
  • Facteurs économiques : inflation durable, recherche de sécurité, arbitrages imposés par la volatilité des marchés actions.

La combinaison de ces éléments installe durablement la pénurie d’or et d’argent, bousculant les repères habituels et les logiques classiques de marché.

Prévisions de prix : à quoi s’attendre pour l’or et l’argent en 2025 ?

La volatilité règne sur le marché des métaux précieux. Les experts de JP Morgan ou Goldman Sachs avancent avec prudence leurs scénarios pour l’or et l’argent en 2025.

Le consensus pointe vers une fourchette de 2 400 à 2 500 dollars l’once pour l’or, soutenue par une demande physique robuste, des achats soutenus des banques centrales et une production qui peine à suivre. Le World Gold Council note que les flux vers les ETF adossés à l’or restent dynamiques, surtout en Europe. L’appétit institutionnel demeure vif, profitant d’une situation de taux réels négatifs qui persiste dans les économies avancées.

Concernant l’argent, la dynamique reste intense mais distincte. Le Silver Institute prévoit un prix moyen oscillant entre 32 et 35 dollars l’once troy en 2025. La demande industrielle, notamment dans les domaines technologiques et les énergies renouvelables, pèse fortement sur les stocks disponibles. Les arbitrages entre actions minières et métal physique accentuent la nervosité sur le cours de l’argent.

Pour mieux visualiser les projections, consultez ce tableau :

Métal Prix moyen estimé 2025 (dollars/once)
Or 2 400 – 2 500
Argent 32 – 35

Le LBMA (London Bullion Market Association) partage cette vision d’un marché en tension, avec peu d’espoir d’un retour rapide à la normale sur les stocks physiques d’or et d’argent. L’année 2025 s’annonce donc comme une période de rareté persistante et de choix stratégiques serrés pour les investisseurs.

métaux précieux

Investir face à la rareté : quelles stratégies privilégier selon votre profil ?

La rareté transforme profondément les stratégies d’investissement. Entre lingots, pièces, ETF adossés et valeurs minières, chaque option comporte ses spécificités et ses risques. Désormais, l’investisseur avisé ne se contente pas d’acheter de l’or physique au Comptoir national de l’or ou d’entasser de l’argent métal : il ajuste sa démarche à la nouvelle donne.

Pour les profils les plus prudents, la détention de pièces et lingots reste une valeur sûre. Le métal tangible rassure dans un contexte où les marchés boursiers tanguent et où l’incertitude géopolitique s’intensifie. Mieux vaut choisir des formats liquides : napoléons, lingotins, maple leaf, krugerrands. Les marges à l’achat et à la revente se sont élargies ces derniers mois, il convient donc de surveiller attentivement les frais de courtage.

Ceux qui privilégient la réactivité optent souvent pour les ETF adossés à l’or ou à l’argent, cotés à Paris ou à Londres. Ces instruments permettent d’ajuster rapidement ses positions, sans se préoccuper du stockage physique. Toutefois, il faut garder à l’esprit que l’écart avec le cours spot peut se creuser lors des périodes de tension, ce qui peut surprendre les investisseurs non avertis.

Certains profils expérimentés se tournent vers les actions de sociétés minières, qu’il s’agisse d’acteurs spécialisés dans l’argent, le platine ou le palladium. Miser sur les producteurs, c’est accepter une volatilité plus forte, mais aussi la possibilité d’un effet de levier appréciable. Les évolutions récentes du platine ou du palladium illustrent que la diversification au sein des métaux précieux ne se limite pas à l’or et à l’argent.

Laurent Schwartz, directeur du Comptoir national de l’or, résume bien la situation : « Les arbitrages entre physique, produits financiers et valeurs minières n’ont jamais été aussi stratégiques ». Pour 2025, maîtriser son exposition et alterner les supports d’investissement selon ses convictions n’aura jamais autant compté.

Au fil des mois, la rareté s’impose comme la nouvelle règle du jeu. Reste à savoir qui saura transformer cette contrainte en opportunité, et qui se retrouvera à guetter, impuissant, la prochaine livraison de lingots.

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